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 [Fantastique] Dernier recours

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AuteurMessage
Felicia Cotroni
Déplaceur de vent
Déplaceur de vent
Felicia Cotroni


Nombre de messages : 191
Localisation : Trois-Rivières, Québec
Date d'inscription : 09/08/2008

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MessageSujet: [Fantastique] Dernier recours   [Fantastique] Dernier recours EmptyLun 29 Sep - 13:13

Novembre 2007

Je marchais, déambulais le trottoir, telle une fauve cherchant sa proie. Elle n’était pas loin. Mon cœur se demandait si elle réussirait à l’attraper, à ne point la laisser s’échapper. Et pourtant, dans un endroit confi de mon esprit, j’espérais le contraire. Elle ne devait pas être là. Pas ce soir.

Je marchais, encore et encore. Le vent était froid et coupait court à mes extrapolations. J’avançais à travers la ville, passant devant des quartiers non-recommandés, des rues avares de tuerie. Pour finalement arriver à cet endroit. L’endroit précis où mon existence aurait pu changer. Pour toujours.

Je m’arrêtai de marcher. Devant moi se tenait une porte rouge cramoisi, rouillée jusqu’à l’os. Un regard autour de moi : personne. Je cognai trois petits coups discrets et la porte s’ouvrit dans un grincement torride. Une obscurité dense enveloppait l’intérieur de l’entrée. Si je n’avais su qu’un escalier se trouvait derrière, je me serais tuée sur-le-champ. Je descendis sans trop de mal, me repérant sur les seuls souvenirs de l’endroit.

En bas de l’escalier : une autre porte. Couleur indéfinie, mais odeur de pourriture ou de moisissure, on n’aurait pu vraiment le déterminer. J’entrai. Pas besoin de cogner. L’obscurité se dissipa tranquillement, me laissant approcher une pièce où régnait une lumière tamisée. Mon cœur se crispa lorsque mes pieds s’arrêtèrent, au pas de la porte, à la limite de l’entrée et de la sortie. Et il parla.

- Que me vaut ta visite après tout ce temps? dit-il, d’une voix assurée et sans émotion.

J’entrai finalement complètement dans la pièce, retrouvant mon interlocuteur accoudé à une table, me faisant face, pipe à la main, toujours aussi énigmatique. Il me souriait presque. Cependant, il aurait pu faire la grimace et son visage aurait été le même. Impassible. Comme toujours.

- Vous savez tout, pourquoi me poser la question? osais-je dire, sans trop de conviction.

Il ria. Et se leva. Je ne l’avais que rarement vu se lever pour quelconque entretien. Je reculai d’un pas ou deux, question d’instinct.

- Vous ne devriez pas jouer avec moi, très chère, dit-il sur un ton calme. Vous pourriez le regretter.

Je ne sus que dire. Cette rencontre allait-elle se terminer comme on me l’avait prédit? L’homme s’approcha de nouveau vers moi, doucement et sans présager aucune violence. Je me méfiais tout de même. Et, étrangement, son rapprochement me terrifiait que peu. J’avais mille fois plus crainte de le voir au bout de la pièce que tout près de moi. Je savais qu’il pouvait faire mille fois plus de dégâts là-bas qu’à mes côtés.

- Anaïs, vous savez que je ne veux guère de problèmes, continua-t-il.
- Je sais.
- Alors pourquoi donc cette visite spontanée après des mois d’absence? Ne vous ai-je pas suffisamment démontré ma bonne volonté et mon respect à votre égard?
- Je…
- Je sais, je sais. Vous ne vouliez pas me punir. Mais vous l’avez fait. Et maintenant, vous revenez pour me demander service.
- Non, je…
- Anaïs, vous pouvez vous mentir à vous-mêmes, mais jamais vous ne réussirez à me mentir. Vous l’avez dit : je sais tout.

Je ne sus que répondre. Mon cœur s’étranglait de ne point comprendre mon propre geste. Cette action qui m’avait menée ici. Cette quête imperpétuelle de connaissance et de puissance. Celle-là même qui m’avait fait croire que je pourrais le battre, que je pourrais enfin me débarrasser de lui. Et non, on me poursuivait encore. Avec un allié.

- Je ne pourrai d’aider, Anaïs. Personne ne peut le battre. Même pas moi. J’avais cru que j’avais réussi à t’inculquer au moins cette notion.

Je secouai ma tête de gauche à droite, machinalement. Il me semblait qu’il parlait encore, mais je n’entendais plus rien. Je tremblais. Ou était-ce mon imagination? Ma vue s’embrouillait. À quoi pensais-je?

- Vous avez demandé son aide, ma chère. Que je vous aide à ce qu’il brise votre pacte ne fera qu’aggraver votre cas. Et vous m’y entraîneriez avec vous.
- Non! criais-je sans m’en rendre compte.

L’homme me regarda sans bouger, non surpris de ma réaction, n’exprimant toujours aucune émotion. Ses yeux n’avaient même pas l’ombre d’un seul sentiment. Je le regardai, figée dans ma stupeur. Il ne me parlait pas, c’était impossible. Je n’étais pas ici. Je n’étais pas ici.

Une main se posa sur mon épaule, me faisant bondir de deux pas vers derrière. Cet homme ne m’avait jamais touchée. Je le fixai avec deux fois plus de stupeur.

- Je ne peux pas vous aider, répéta-t-il. Je suis désolé.

Il voulut me prendre dans ses bras. Ce simple geste ne concordait pas avec cet homme. Jamais il ne donnait d’indice de tendresse ou de compassion. Jamais. Je reculai de nouveau, me retrouvant adossée au mur de pierres. Froid et dur. Comme ma vie. Mais surtout comme celle qui m’attendait.

L’homme ne tenta pas de me toucher à nouveau. Il recula d’un pas, yeux désintéressés, pivota et retourna vers son fauteuil dans lequel il s’installa.

- Vous avez fait un pacte avec le Diable, Anaïs. Personne ne pourra vous aider sans sombrer avec vous. Je suis désolé. Vous n’avez d’autre choix que de faire face à votre destinée, à présent.

Ces mots, je ne les entendais plus. En un éclair, j’étais partie de cet endroit. Il n’existait pas. Plus personne n’existait. Je ne pleurais pas. Je ne courais pas à m’en arracher les poumons. À m’en engourdir les muscles des jambes. Je ne souffrais pas comme je n’avais jamais souffert. Je ne croyais rien de ce que cet homme m’avait dit. Rien! Je n’étais pas condamnée. Je n’étais pas condamnée. Je ne m’étais pas condamnée…
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