Mort Amoureuse
2002
Au fond du couloir se trouvait une silhouette aux formes étranges.
Il s’agissait du reflet de mon petit ami.
Il avait péri dans un accident tragique.
Quelqu’un l’avait sauvagement poussé en bas d’une falaise.
Les médecins avaient plutôt songé au suicide.
Par contre, je sais qu’il n’a jamais pensé à mourir.
Il aimait la vie plus que tout.
Malheureusement, on le lui a enlevée.
La silhouette que je voyais au fond du couloir était un fantôme.
Il n’y avait que moi qui pouvais le voir.
Cela ne m’effrayait point.
Il faisait partie de ma vie et c’est ce que je voulais.
En plus, il n’était qu’à moi.
Il m’appartenait pour l’éternité.
Je ne pouvais espérer plus que de l’avoir avec moi jusqu’à la fin des temps.
Lorsque je l’avais brillamment entraîné dans cette histoire cruelle, je savais que mon plan fonctionnerait.
J’y croyais plus que tout.
Je croyais à ces choses surnaturelles plus qu’aux théories des grands scientifiques.
J’ai bien fait d’y croire.
Mon amoureux est mort à cause de moi et j’en suis fière.
Il voulait me quitter pour une autre fille quelques jours après son décès.
Cette fille était ma meilleure amie.
C’est l’une de mes autres amies qui m’avait avertie.
J’ai évidemment vérifié si c’était réellement le cas.
Et combles de malheur, ça l’était.
À la place de me fâcher, j’ai décidé de réfléchir.
Ça m’a permis de faire une chose terrible que je ne regrette point.
Je me suis souvenue d’un récit véridique, selon moi, que j’avais autrefois lu.
J’ai retrouvé ce bouquin au fond de l’armoire dans le grenier.
Et j’ai immédiatement trouvé ce que je cherchais.
C’était au chapitre 9.
Cela disait que si on assassinait celui qu’on aimait, son âme resterait avec soi pour toujours.
C’est ce que je désirais plus que tout au monde.
Alors, j’ai lu et relu ce chapitre.
Je l’ai compris et appris.
Je voulais être compétente et réussir mon coup.
Il ne fallait pas que j’échoue.
Rien n’était plus important pour moi que cela.
Il devait rester à mes côtés pour toujours.
Donc, revenons à ce jour où il a quitté ce monde.
C’était un vendredi soir où la lune était pleine.
Des nuages passaient devant elle, mais ils ne réussissaient pas à la cacher complètement.
Le vent était chaud et des chauves-souris parcouraient la montagne.
J’adorais ce paysage noir.
Enfin, mon petit ami avait l’air à se demander pourquoi je l’apportais là.
Pour le calmer, je l’avais embrassé passionnément.
Nous nous étions rapidement retrouvés sur le sol.
Tout se déroulait à merveille.
À moitié nus, j’oubliais presque mon plan.
Cependant, il ne fallait pas que j’y renonce.
À minuit, ma montre avait sonné.
Je m’étais levée et avais couru jusqu’à l’arbre au bord de la falaise.
Mon amoureux m’avait suivie.
Il était resté surpris lorsqu’ils avaient vu des chandelles auprès de moi.
Même secoué par la brise, le feu ne s’éteignait pas.
Je lui avais servi un verre rempli de sang de souris et d’autres ingrédients essentiels.
Il l’avait bu sans se rendre compte qu’il ne s’agissait pas de vin rouge.
Au même moment, j’avais dansé étrangement et avais prononcé quelques paroles.
Mon petit ami m’avait regardée comme s’il me voyait pour la première fois de sa vie.
Et c’est là que j’avais agi.
Je m’étais jetée vers lui en lui disant « je t’aime » et en faisant semblant de vouloir le serrer dans mes bras.
Il ne se doutait pas que je m’élançais pour le pousser en bas!
Bref, c’est là qu’il avait plongé vers le bas de la falaise.
Sourire figé, j’avais fixé l’endroit où je croyais qu’il s’était fracassé le crâne.
Une chauve-souris m’avait frôlé l’épaule et je m’étais retournée.
Sombre qu’était cette nuit quand j’y pense.