[Histoire 4] Welcome to Saturn

Commencée par Andie, Voice, Darth, Bibou, Aeris

Citation :: "WELCOME TO SATURNE" L'enseigne lumineuse clignotait pour accueillir les passagers de la navette 567 en provenance de la Terre. Robert fut un des premiers à descendre sur le sol de Saturne, les bras chargés de ses bagages. Il regarda, émerveillé par le spectacle qui s'offrait à ses yeux. Quoi de mieux pour les vacances qu'un séjour sur Saturne? Avec son climat tropical et ses plages d'eau bleue turquoise, c'était la destination la plus en vogue chez toute la haute-bourgeoisie, le "lubéron" du 22e siècle. On se bousculait pour obtenir une place dans les navettes pendant les mois d'affluence. C'était presque un combat perpétuel devant les guichets de la SVBN (Société de Vente des Billets de Navette). Et pourtant, Robert était un chanceux. Non seulement, il avait réussi à se débarrasser de sa mégère de femme pendant quelques semaines, mais en plus, ayant été élu "vendeur du mois", il avait eu son billet gratuitement et il allait à présent se prélasser aux frais de l'entreprise et pouvoir profiter des jolies vahinées Saturniennes... Robert resta un moment immobile, ses nombreux bagages à ses pieds. Il n'en revenait pas encore d'être là, sur cette planète digne d'un paradis! Il était si heureux d'avoir finalement pu quitter la Terre... il y était tellement malheureux parfois. Ici, il pourra au moins avoir quelques minutes où la joie sera au rendez-vous... enfin, il l'espère grandement. Ce sont les seules vacances qu'il a pu s'offrir (grâce à sa promotion) depuis très longtemps. Et maintenant qu'il est en train de commencer un de ses plus grands rêves des dernières années, il compte bien en profiter au maximum.

Il observa encore quelques instants le paysage qui l'entoure, puis reprit ses bagages dans ses bras. Après avoir pris une inspiration, l'homme s'avança vers le mini-bus fonctionnant à l'énergie solaire et y monta. Le soleil tapait fort aujourd'hui, cela leur était vachement utile. Par contre, il faisait beaucoup chaud dans l'autobus et cela mettait un peu mal à l'aise Robert. Il se sentait un peu étourdi et voyait de plus en plus sombre ce qui l'entourait. Tout de même, il perçût une personne s'approcher de lui et ouvrir la fenêtre à ses cotés. Une immense fraîcheur l'entoura immédiatement et il se sentit aussitôt mieux. Déjà, il commençait à revoir comme à l'habitude et il en était soulagé. Il sourit et jeta un coup d'oeil à la personne qui lui avait porté de l'aide. Son souffle coupa sec tellement ce spécimen était magnifique à ses yeux. Il s'agissait d'une belle et jeune Saturnienne... Elle était grande, élancée, elle avait de longs cheveux ondulés noirs ébène qui tombaient sur sa peau bleu méthylène. Mais ce qui le frappa le plus, c'était ses yeux en forme d'amande, d'un violet si intense et profond que quiconque les regardait risquait de s'y perdre à jamais...

- Ca va mieux? lui demanda-t-elle avec un léger accent. Il fait si chaud dans ces mini-bus.
Sa voix était si douce qu'on aurait dit le murmure d'un ange...
- Oui, merci beaucoup, dit Robert.
Elle s'assit à côté de lui et lui jeta un bref regard plein de candeur. Il ne pouvait s'empêcher de la regarder. Il était comme paralysé. Il prit alors son courage à deux mains (et oublia accessoirement sa femme) et décida de se présenter:
- Je m'appelle Robert, je suis Terrien.
- Enchantée, moi, c'est Shanesia.
Elle sourit, puis soudain, sans raison apparente, ses larges yeux se remplirent de larmes et elle éclata en sanglots, puis dit à travers ceux-ci:
- Aidez-moi je vous en prie, quelqu'un veut me tuer...
Robert fixa longuement les yeux ensorceleurs de la demoiselle et ne réagit pas immédiatement à ses paroles. Il doutait de ce qu'elle venait de lui dire et ne savait pas s'il devait prendre cela comme une blague plate ou comme une vérité absolue. Il se sentait affreusement impuissant et perdu. Il n'avait jamais été dans une telle situation et cherchait sans bon sens comment il pouvait s'en sortir. Cette Saturnienne lui plaisait vraiment et il ne voulait quand même pas qu'elle le trouve complètement stupide. Il pensait à des moyens possibles, réfléchissait à toute à allure lorsque Shanesia éclata de nouveau en sanglots. Elle se cacha rapidement la figure dans ses mains pour éviter de voir les regards curieux se répercuter sur elle. Robert remarqua que les épaules de la fille sursautaient irrégulièrement et un grand malaise s'inséra à l'intérieur de lui. Il avait l'impression de ne pas avoir ressenti cela depuis des lustres. Il s'approcha de la Saturnienne et la serra doucement contre lui. Il ferma les yeux, caressa les doux cheveux de Shanesia et lui frotta calmement le dos dans le but de la détendre.
- Ne t'inquiète pas, chuchota-t-il. Je t'aiderai.

Bob (maintenant qu'on le connaît mieux, on peut l'appeler Bob), reprit son calme, puis il continua:
- Mais si tu veux que je t'aide, il faut que tu me dises exactement ce qui se passe.
En fait, bien qu'il se sentait un peu dépassé par les événements, Bob appréciait cette situation et surtout le fait qu'une aussi belle créature semble vouloir mettre son destin entre ses mains, à lui, Bob! (ndla: forcément, parce que quelque part, il se sent valorisé, flatté dans son orgueil de mââââââle, ce qui va réveiller son complexe de supériorité, complexe qui dissimule en fait un complexe d'infériorité, lui-même dû au fait qu'il est minable et qu'il le sait, je vous rappelle en passant que notre cher Bobbie est marié et que cela ne l'empêche pas de draguer...). Shanesia le regarda dans les yeux puis soudain, elle se dégagea de la douce étreinte de Bobbinounet:
- Non, je n'ai pas le droit de te mêler à tout ça, tu es si gentil, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose...
Puis elle se leva brusquement de son siège et bondit hors du mini-bus (qui n'avait pas encore démarré, évidemment). Bob la rattrapa et lui dit:
- Je t'en prie, dites-moi ce qui se passe, je veux vraiment vous aidez!
- Vous êtes sûr? dit-elle de sa si douce voix.
- Certain.
- C'est politique. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le gouvernement saturnien est très fragile, la menace d'un coup d'état est toujours présente.
- Oui, j'en ai entendu parler.
- Et bien, j'ai découvert que ce sont en fait les services secrets terriens qui ont tout manigancé pour anéantir notre race et prendre le pouvoir sur notre planète. Je voulais le dire à tout le monde, mais ils m'ont fait passée pour une dangereuse terroriste et personne ne veut me croire.
- Moi, je vous crois.
Shanesia regarda intensément le Terrien dans les yeux, le dévisagea de la tête aux pieds, puis fixa son regard loin derrière lui. Elle ne savait pas trop si elle devait lui faire confiance ou non. Elle ne le connaissait pas du tout et elle savait qu'il pouvait très bien être un homme d'État de la planète ennemie! Peut-être qu'elle s'entraînait elle-même vers sa propre mort. La Saturnienne avait l'impression de ne plus savoir où elle est était. Elle jeta un nouveau coup d'oeil à Robert, chercha quelques défaillances dans son regard, mais n'en trouva aucune. Elle était sceptique. L'homme s'avança plus près d'elle, elle frémit sans pouvoir se contrôler.

- Je peux t'aider, dit-il chaleureusement en lui touchant l'épaule.
Bob aimait tellement cette fille, il ne voulait pour rien au monde la laisser seule dans cette galère. Il était prêt à tout pour la sauver.
- Pourquoi me crois-tu? demanda-t-elle d'une voix tremblante. Personne ne m'a crue auparavant et tu arrives, puis tu me crois. Pourquoi?
Bob n'avait pas vraiment de raison de la croire, c'était quand même le gouvernement terrien qu'elle accusait. Mais quelque chose dans le regard de cette fille parlait de terreur et d'honnêteté.
- Je te crois... dit Robert. Car tu es jolie!
Cette réponse faite comme ça pour détendre l'atmosphère avait fait son effet et Shanesia lui donna son plus beau sourire.
- Si on se dépêche pas, on va manquer le bus!
Ils remontèrent ensemble dans le mini-bus qui démarra quand ils furent à peine assis. Bob se disait que maintenant, il pouvait oublier les vacances peinardes sur la plage et abordait ce qu'il s'annonçait comme de grosses emmerdes. Et qu'est ce que ça pouvait le rendre heureux, il allait enfin pouvoir vivre l'aventure que Viviane (sa femme) et son propre travail lui refusaient.

Le mini-bus arriva sans fracas à l'hôtel. Robert et Shanesia descendirent de l'autobus et tous deux se dirigèrent vers l'hôtel.
- Bon! dit Robert à la jolie Saturnienne. Donc, selon toi, les gouvernements terriens cherchent à déstabiliser le gouvernement saturnien... mais pourquoi?
- Tu n'es pas sans savoir que l'actuel président parle beaucoup du sur-protectorat terrien sur le reste du système solaire... Il parle même de colonisation! Beaucoup d'autres gouvernements planétaires pensent la même chose. Il y a eu quelques mois auparavant une réunion secrète entre Saturne, Pluton et Vénus... Ils y ont décidé de s'affranchir du pouvoir terrien. Je sais tout ça, car j'étais une des secrétaires de la réunion! Mais voilà, j'ai découvert que Vénus jouait double jeu et prévoyait avec la Terre de renverser notre gouvernement et que là, Pluton ne pourrait plus suivre tout seul...
- Donc, le plan des gouvernements terriens est de commanditer un coup d'état et de mettre à la place de Plavokof (président saturnien) un de leur homme de main!
- Oui, mais c'est plus compliqué. De nombreuses parties sont en jeu...

Shanesia et Bob prirent les clefs de leur chambre d'hôtel et montèrent au 58ème étages de l'hôtel de luxe. Une fois dans la chambre, il déposèrent leurs affaires sans dire un mot jusqu'à ce que Bobbinounet, faussement galant, proposa à Shanesia de lui laisser le lit alors que lui allait dormir sur le canapé. Shanesia accepta sans dire merci, ce qui surprit (et frustra) notre cher ami Bob. Puis ils se changèrent et allèrent se coucher. Le canapé était plutôt confortable, si on oubliait le ressort qui venait se planter délicatement dans son petit dos si douillet (étrange tout de même dans un hôtel de luxe). Quoiqu'il en soit, Bob n'arrivait pas à trouver le sommeil. Il repensait à la journée qui venait de s'achever et cela lui faisait penser à Schwarzy dans Total Recall. Il était tellement excité qu'il en avait oublié de téléphoner à Viviane. Il ne pensait pas non plus à se poser des questions sur Shanesia qu'il ne connaissait pourtant pas du tout (ndla: vous me direz, pour se poser des questions, il faut un cerveau en bon état...) et avec qui il était prêt à s'engager dans une histoire qu'il le dépassait complètement (ndla: oui, parce qu'il a beau dire qu'il va aider Shanesia, la vérité, c'est qu'il n'a rien compris du tout à ces histoires de complots politiques. Encore ces problèmes de cerveau...).

Durant deux longues heures, Bob resta les yeux grands ouverts et fixa longtemps le plafond qui avait pris des teintes multicolores avec le temps. Ces couleurs bougeaient tranquillement, telles des vagues se répercutant sur le sable chaud lors d'une journée humide. Ces mouvements l'hypnotisaient et son regard ne voulait pas se diriger à aucun autre endroit qu'à celui-ci. Même s'il avait une envie terrible de sombrer dans le monde des rêves, l'homme était incapable de fermer l'oeil. Il commençait à avoir terriblement sommeil... même sa mâchoire lui donnait l'ordre de s'endormir toutes les dix secondes. Pourtant, ses paupières refusaient de se fermer. C'était comme si une quelconque force le retenait éveillé pour lui éviter des ennuis. Tant qu'à lui, il était déjà trop tard pour lui éviter quoi que ce soit... Il était dans une histoire déjà assez compliquée comme ça. Il ne comprenait rien à tout ça, mais il savait qu'il devait aider cette Saturnienne. Peut-être avait-il oublié de penser avant d'agir, mais ça n'était pas la première fois que ça lui arrivait! Il avait bien épousé Viviane et il avait réussi à vivre malgré cela. Même si ce que Shanesia lui demandait était dangereux, il le ferait. Pour une fois dans sa vie, il ne reculerait pas et avancerait. Il en avait assez de fuir.

Soudainement, il se tourna la tête vers le lit ou reposait la fille. Elle avait l'air d'être dans un monde paisible... un monde sans problème. Bob voulait la rejoindre, dans ce pays des songes, mais ce ressort dans le dos, ça ne lui faisait vraiment pas de bien. Il se déplaça et réussit enfin à ne plus l'avoir dans le dos... Il ferma les yeux et oublia un instant que toute sa vie allait peut-être être bousculée dans les prochaines heures.

Citation :: Lorsqu'il se réveilla, il était seul dans la chambre. Shanesia était partie sans un mot pendant son sommeil, ce qui le surprit. Il finit par en déduire qu'elle devait être allée prendre l'air. Il faisait beau et chaud dehors, le soleil perçait à travers les volets. Bob s'approcha de la fenêtre et l'ouvrit pour laisser entièrement entrer les rayons. Ce repos bien mérité lui avait presque fait oublié les événements de la veille, mais ils lui revinrent rapidement en mémoire... beaucoup trop rapidement à son goût... C'est fou comme un merveilleux voyage pouvait tourner rapidement au cauchemar, suite à une rencontre. Certes, il avait l'intention d'aider Shanesia, mais l'idée de prendre la fuite et de l'abandonner à son sort lui traversa l'esprit l'espace d'une seconde. N'était-il pas venu pour se détendre?

Mais il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus longtemps, car la porte de la chambre s'ouvrit. Il se retourna, persuadé de se retrouver face à Shanesia, mais ce qui l'attendait était loin d'être ce qu'il avait imaginé... C'était un Saturnien grand et musclé qui n'avait pas l'air commode.
- Mr.Robert Akina? demanda l'homme.
- Oui? répondit notre cher Bob. Que puis-je faire pour vous?
- Veuillez me suivre.
Il le conduisit dans une limousine.

Après une demi-heure de route, ils arrivèrent enfin dans une base militaire top secrète.
- Que dois-je faire maintenant? questionna Robert.
- Suivez-moi, continua l'homme.
Il le conduisit dans une salle où il y avait Shanesia et une jeune Saturnienne de 13 ans saturniens, l'équivalent de 6 ans humains. Elle avait de longs cheveux bruns ondulés, un costume de bain bleu ciel, des yeux gris mais paraissant verts, sa peau était verte dû à son jeune âge. Shanesia la serrait dans ses bras.
- Je suis tellement contente de te revoir saine et sauve Alexandria! s'écria Shanesia.
- Moi aussi maman!
- Shanesia, tu vas bien? coupa Robert.
- Robert? dit Shanesia, surprise. Ouf, ils ont pu venir te chercher à temps!
- Que veux-tu dire?
- Que les Terriens veulent ta peau..
- Comment ça?
- Ils ont réussi à apprendre que tu veux nous sauver... Alors, ils veulent te détruire.
- Et qui est cette jeune fille?
- Je te présente ma fille Alexandria.
- Maman... dit cette dernière, inquiète.
- Oui, ma chérie?
- Où il est papa?
- Et bien euh... il est... euh... mort. Mais, ne t'en fais pas, ma chérie, il est dans un endroit merveilleux en ce moment!
- Je sais.
- Allez, va t'amuser maintenant!
- D'accord...
Puis elle partit dans la salle à côté.

- Quand cela est-il arrivé? demanda tout à coup Robert.
- Hier soir, nous avons été attaqué par les Terriens, il a été tué pendant le combat.
- J'en suis désolé...
- Ma fille est notre dernier espoir...
- Pourquoi?
- Une ancienne légende prédit l'arrivée d'une jeune fille au coeur tellement pur qu'elle pourra contrôler les forces naturelles et se servira de ses dons pour sauver toute la galaxie... Elle contrôlera les éléments, mais les Terriens le savent alors ils ont essayé de la tuer. Mon mari s'est sacrifié pour qu'elle reste en vie. La légende fait aussi mention d'un humain qui aura la même sorte de pouvoir, mais qui lui contrôlera les forces de l'âme, puis cet homme, c'est vous...
- Impossible!
- Vous ne les maîtriser pas encore, dit l'homme saturnien. Vous devez apprendre à les maîtriser, puis vous pourrez les utiliser.
- Leurs pouvoirs réunis permettront de sauver l'univers, ajouta Shanesia.
- Mais quel genre de pouvoir est-ce donc? demanda Robert.
- Télépathie, contrôle des âmes, tout ce qui a rapport avec le psychique, répondit Alexandria.
- Tu nous écoutais? interrogea Shanesia.
- Oui, dit sa fille. Et je veux venger mon papa.
- Robert doit d'abord apprendre À maîtriser ses pouvoirs, nota l'homme saturnien. Ensuite, tu pourras.
- Bien, dit Alexandria.

Des tas d'idées passaient dans la tête de notre pauvre Bob. Qu'allait-il se passer? Maîtrisera-t-il ses pouvoirs? Se fera-t-il tuer? La légende est-elle vraie? Robert était complètement sous le choc. Il ne pouvait/voulait pas croire tout ce que ces personnes venaient de lui raconter. Tout cela sortait hors de la réalité. Lui, avoir des pouvoirs tels que la télépathie ou le contrôle des âmes... quelle sottise! Il n'avait jamais cru à ces trucs, pourquoi y croirait-il maintenant? Il fixa un instant Shanesia. Il se demanda un instant s'il ne s'était pas fait prendre par la beauté de la Saturnienne - comme le chant des sirènes qui attirait les marins - mais il ne douta pas très longtemps. Sans savoir exactement pourquoi, il croyait qu'elle était honnête. Cependant, il ne pouvait pas croire à cette légende dont l'homme, Shanesia et Alexandria parlaient. Eux, ils y croyaient tellement que ça devenait presque plausible. Ils avaient de très bons arguments pour "prouver" que tout ce qu'ils disaient était vrai. Mais, ne dit-on pas tout pour convaincre les autres lorsqu'on croit en la véridicité de quelque chose?

Pour l'instant, il préférait jouer le jeu de celui qui croyait ce qu'ils disaient. Comme ça, s'il voulait partir ou tout lâcher, ça lui serait plus facile puisque les autres ne s'en douteraient pas du tout. Pourtant, devant les yeux innocents et purs de la jeune Alexandria, il était difficile de ne pas se laisser attendrir. C'était vrai qu'elle semblait avoir un coeur pur. Ce qui ne l'aidait pas à être objectif également, c'était Shanesia. Elle avait l'air à tellement espérer de lui qu'il en avait des crampes à l'estomac à la quitter sans rien dire. Pour ce qui était de l'homme - il s'appelait Kielnok - c'était tout à fait l'effet contraire. Il lui donnait envie de quitter au plus vite cet endroit tellement il était imposant. Par contre, il ne l'aurait pas fait, de peur de recevoir une leçon de sa part. Bref, il se doute bien que Kielnok ne lui aurait pas fait de mal s'il était bien l'humain dont ils parlaient tous dans la légende, mais il préférait ne pas prendre de risques. Finalement, il resta avec eux même s'il ne croyait pas à cette histoire de légende. C'était plus sûr pour lui. En réalité, Robert doutait un peu, car s'il partait et que tout ça était vrai... et qu'ensuite, les Terriens le trouvaient, que lui arriverait-il?

Soudain, la fesse droite de Bobbinounet se mit à vibrer.
- Scuse! cria-t-il dans la surprise. C'est mon portable! Allô?
Une voix nasillarde se fit entendre...
- Bobbinounet d'amour? C'est Viviane... Dis donc, ça fait deux jours que j'essaie de te joindre!
- Ah! C'était donc toi les cinquante-sept appels en absence! (ndla: qui d'autre?)
- Alors, ton voyage s'est bien passé? T'as pas eu trop de mal à dormir j'espère. J'ai vu que tu avais oublié ton doudou à la maison, et le temps ça va, y fait pas trop froid j'espère...
- Viviane... (ndla: quelle détermination dans la voix!)
- N'empêche, j'ai hâte que tu rentres, j'ai même acheté de quoi faire des pâtes au pistou, ton plat préféré...
- Viviane, euh... en fait tu tombes plutôt mal là, parce qu'en fait il faut que j'apprenne à maîtriser mes pouvoirs d'élu, alors tu comprends, ce serait bien si tu pouvais rappeler plus tard... (ndla: non, mais vous sentez cette assurance? Ahhh, quel homme ce Robert!)
- Oh! Bah, je vais te laisser dans ce cas, mais surtout n'oublie pas de bien faire attention à ce que tu manges, vérifies bien tous les ingrédients, parce qu'avec tes allergies alimentaires, je voudrais pas que tu nous fasses une poussée d'urticaire.
- T'inquiètes pas...
- Je te fais tout plein tout plein de gros bizzzouus!
- Moi aussi...
- Dis-le!
- Je te fais tout plein tout plein de gros bizzzzzzous!
- Des bizous comment?
- Des bizous baveux... Allez, Bye!
- Bye!
Il se retourna et fut limite crucifié sur place par les regards interrogateurs de Kielnok et de Shanesia.
- Tout plein tout plein de bizzzzzzzzzzzzzzzzzous baveux? C'est-y pas mignon "tout plein"? dit-elle d'un ton on ne peut plus sérieux.

Puis, tout à coup, Alexandria fut prise de violentes convulsions et de son corps ondoiement contorsionné s'échappait de larges faisceaux de lumière (ndla: ce qui, au moins, éclairait un peu la pièce, parce que je sais pas si vous êtes déjà allés sur Saturne à cette époque de l'année, mais il y fait particulièrement sombre, surtout à cette heure-ci, ce qui est d'autant plus bête que du coup, on profite moins de l'architecture de la planète, style art nouveau teinté de gothique, particulièrement joli et original...). Robert resta figé sur place, ne sachant pas trop comment réagir, quoi faire pour aider ce petit être qui avait vraisemblablement l'air de souffrir comme un moustique s'écrasant dans un pare-brise d'une voiture roulant à 100km/h. Il ne fit rien pour l'aider, croyant plutôt que Kielnok et Shanesia savaient comment procéder pour l'aider. Pourtant, ça n'en fut rien. Ils ne bougeaient pas et regardaient la pauvre se tortiller et essayant de prendre de l'air pour ne pas sombrer dans la délicieuse obscurité de la mort. En observant cette atrocité, Robert s'élança impulsivement vers Alexandria et la prit dans ses bras. Sur ce geste, la lumière s'intensifia encore plus et Robert sentit tous ses muscles se décontracter. La petite Saturnienne cria des paroles incompréhensibles et le Terrien tomba sur le sol, inconscient.

[une discussion suivit ensuite]
- Il s'agit bien de l'humain choisi, dit Kielnok.
- Tu es bien sûr? demanda Shanesia.
- Oui, il a été dit que seul le Terrien élu serait capable de toucher à ta fille lors de ces transes.
- Mais si ça n'avait pas été lui, Robert serait donc mort!
- Oui, mais cela n'est pas mon problème.
Shanesia regarda Robert sur le sol et sourit puisqu'il était bien l'élu.

Lorsque Robert se réveilla il fut prit de nausée. Il ne se souvenait de rien. Puis, peu à peu, la mémoire lui revint.
- Est-ce que vous allez bien? questionna Shanesia.
- Pourquoi n'avez- vous rien fait pour Alexandria?! cria Robert en se relevant, furieux. Elle souffrait la pauvre! Êtes-vous vraiment sa mère!? Une mère protège son enfant et l'empêche de souffrir!
- Seul l'humain élu peut la toucher pendant ses transes. Quiconque d'autre la touche meurt.
Robert vit la pauvre petite étendue par terre. Il la prit dans ses bras. Ses transes semblaient extrêmement douloureuses. Elle avait des plaies partout sur le corps et elle saignait. Elle était sans connaissance. Il partit avec elle dans ses bras en laissant les autres derrière lui. Après cette épisode, il n'aimait plus tellement Shanesia. Il emmena la jeune fille à l'infirmerie. Heureusement sur Terre, il avait déjà suivi des cours de premiers soins, son premier job étant médecin.

Alexandria finit par se réveiller.
- Tu vas bien? dit aussitôt Robert.
- J'ai horriblement mal!
- Tu ne dois pas aimer avoir ses transes.
- Je détestes! Le pire, c'est qu'on pourrait me les arrêter! J'ai déjà expliquer à maman comment le faire, mais elle refuse! En plus, mes transes ne servent à rien!
- Elle ne te traite pas très bien!
- Je sais. Mais elle dit qu'elle sont nécesaires. Même pas vrai! Comment peut-elle le savoir? Elle ne les vit pas, moi si!
- Il vaudrait mieux que tu te reposes un peu.
- D'accord. Bonne nuit.
Elle se recoucha, puis Robert sortit. Il se disputa avec sa mère pour le pourquoi elle ne voulait pas faire arrêter les transes de sa fille.

Lorsque Alexandria se réveilla, elle sortit.
- Alexandria, c'est toi!? dit Shanesia, surprise.
Sa peau avait abbandonné sa couleur verte pour le bleu (comme pour tous les adultes) et elle avait vraiment grandi. Elle semblait avoir maintenant 39 ans saturniens, ce qui égale a 18 ans terriens! Elle avait maintenant les yeux bleus et des cheveux bleus aussi. Son regard était plus perçant et elle semblait de mauvaise humeur.
- Tu vois maintenant a quoi servait, commença sa mère.
- Ce n'est pas pour cette raison que j'ai grandi ainsi! coupa Alexandria. Mais bien que pour la première fois depuis longtemps j'ai reçu un amour vrai! Vous ne vous occupiez de moi uniquement parce que j'étais l'élue!
Shanesia ne sembla pas offusquée du tout. Robert comprit alors que ce que disait Alexandria était vrai... Sa mère ne s'était jamais occupée d'elle par amour!
- Viens un peu avec moi, Robert, ajouta-t-elle. J'ai à te parler.
Les deux partirent. Alexandria lui parla avec graveté.
- Sais-tu pourquoi le gouvernement saturnien est si faible? questionne-t-elle.
- Non.
- Le peuple saturnien, il y a très longtemps, a cherché à faire la conquête de l'Univers. Heureusement, ils ont raté et notre économie en a vraiment souffert. Nous avons perdu notre puissance, car avant, nous étions le peuple le plus puissant de tous l'Univers.
- Que veux-tu dire?
- Que tout ce que veut ma mère, c'est se servir de nous deux pour faire retrouver à notre planète sa gloire originelle! Elle t'a menti! Elle m'a menti! Nous devons partir d'ici ou sinon nous allons servir ses plans!
Robert fut abasourdi, mais d'accord. Ils sortirent de la base et s'enfuirent en courant. Il avait été trompé par la beauté de Shanesia, mais il ne le serait plus. Il avait vraiment augmenté ses pouvoirs et savait maintenant quelle voie il devrait suivre. Par contre, Robert restait un peu inquiet. Il s'était fait envoûter par la beauté de Shanesia... mais était-il en train de vivre la même chose avec Alexandria? Elle était franchement jolie et elle avait l'air d'avoir un coeur pur... ce doux être qui n'avait pas pu grandir à cause du manque d'amour qui lui revenait. Mais dans un autre sens, il était difficile de juger de la qualité de son âme... et s'il avait été corrompu à cause de ce manque d'affection justement? C'était fort possible. Le coeur d'Alexandria avait été blessé... et jugé. Sa vie était tracée sans qu'elle ne puisse rien espérer de plus. Elle était devenue hypocrite alors. Une martyre saturnienne qui voulait vivre sa propre existence était capable de tout... même de mentir pour augmenter sa capacité de pouvoir.

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